L’ AIDE AU DÉVELOPPEMENT S’ ENVOLE DANS DES PARADIS FISCAUX

D’après le Canard enchainé, plus de 400 millions d’euros destinés aux pays en développement ont été injectés dans des sociétés basées dans des paradis fiscaux ces 10 dernières années.

Le Canard enchainé révèle aujourd’hui que plus de 400 millions d’euros destinés aux pays en développement ont été injectés dans plus de 70 sociétés offshore par Proparco, un organisme financier public, filiale de l’ AFD ( Agence française de développement). Proparco, détenu à 57% par l’AFD, a été créé pour « favoriser les investissements privés dans les pays en développement » et ainsi permettre à l’ AFD de s’occuper uniquement des investissements publics.

Selon le Canard enchainé, Proparco investit massivement dans des fonds abrités dans d’opaques paradis fiscaux, qui misent sur des sociétés « à fort potentiel de croissance » dans les pays en développement. Ces fonds attendent que ces sociétés grandissent pour les revendre et empocher une plus-value qui atterrit directement dans les paradis fiscaux.

Pour aider le Maroc, Proparco a ainsi injecté 6 millions de dollars dans Capital Morocco LP, un fonds basé à Jersey pour d’évidentes raisons fiscales. Proparco a également injecté 20 millions de dollars dans Developpment Principles Fund II LP, un fonds domicilié dans les îles Caïmans qui spécule sur la croissance chinoise… Evidemment, aucune trace de ces paradis fiscaux ne figurent dans les rapports annuels ou les bilans de Proparco, qui préfère se contenter de mentionner les pays ciblés par les fonds. Quant à l’ AFD, elle se refuse à communiquer le portefeuille des fonds recevant l’argent de Proparco: « Proparco est un établissement de crédit spécialisé soumis au secret bancaire ».

En mai 2013, l’ AFD  a pourtant établi une liste noire des pays les plus opaques dans lesquels elle se refusait à investir: Luxembourg, Chypre, les îles vierges britanniques… Ce qui n’a pas empêché Proparco d’investir 5 millions de dollars en 2013 dans le Moringa Fund, un fonds basé au Luxembourg. L’ AFD a expliqué au Canard enchainé que le retrait d’un projet pourrait avoir de lourdes conséquences sur les bénéficiaires et compromettre ses effets positifs sur le développement et l’emploi local.

En 10 ans, Proparco a investit 220 millions d’euros à l’île Maurice, 84 millions d’euros dans les îles Caïmans, 55 millions au Luxembourg, 15 millions à Jersey, et 11 millions à Chypre…


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