Bygmalion : l’équipe de campagne de Sarkozy aurait dissimulé 17 millions d’euros


Un système de double facturation mis en place chez Bygmalion aurait permis à l’UMP de ne verser «  officiellement  » à la société de communication que 4,3 millions d’euros pour les meetings organisés durant la présidentielle de 2012. Les frais réels de ces prestations seraient estimés à 21,2 millions

L’ancien directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy était entendu depuis mardi matin par la police judiciaire. Selon Mediapart, une double comptabilité mise en place par Bygmalion aurait permis à l’équipe de Nicolas Sarkozy de dissimuler 17 millions d’euros.

Les révélations et rebondissements dans l’affaire Bygmalion se poursuivent . L’ancien directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrillieux, a été placé en garde à vue mardi matin dans l’enquête sur Bygmalion et le financement de cette campagne. Sa garde-à-vue s’est prolongée jusqu’en soirée. Lundi, l’ex-bras droit de Jean-François Copé avait assuré au « Monde » qu’il comptait dire sa vérité aux enquêteurs.

Elu député européen, Jérôme Lavrilleux avait reconnu le 26 mai, la voix cassée et les yeux pleins de larmes, que des meetings de Nicolas Sarkozy avaient été indûment facturés par Bygmalion à l’UMP pour éviter un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.


L'information de son placement en garde-à-vue intervient quelques heures après les révélations de Mediapart, qui se serait procuré des documents comptables de la société Bygmalion. Ces derniers feraient apparaître que le candidat Nicolas Sarkozy aurait dissimulé 17 millions d’euros de frais de campagne lors de la présidentielle de 2012.

Coût réel

D’après Mediapart, les comptes de Bygmalion révéleraient bien un système de double facturation. D’une part, il y aurait les factures avec les montants déclarés auprès de la commission des comptes de campagne . Le montant total facturé pour les 44 meetings s’élèverait à 4,3 millions d’euros.
D’autre part, apparaîtrait dans la comptabilité interne de la société de communication le coût réel des meetings organisés au cours de la campagne de l’ancien président de la République. Et les montants sont sans commune mesure avec ceux déclarés aux autorités de contrôle puisque le coût s’élève en tout à 21,2 millions d’euros, soit une différence de près de 17 millions d’euros. Pour mémoire, début juin, on estimait que le montant couvert par ce système de double comptabilité pourrait se monter à 11 millions d’euros pour 42 meetings .

Un tarif 7 fois plus élevé à Marseille

Selon les documents présentés par Mediapart, les coûts réels des meeting sont régulièrement trois à quatre plus élevés que ceux facturés, la palme revenant à celui organisé à Marseille : il serait revenu à près de 770.677 euros, pour une facture de 100.104 euros.

Si les montants révélés par Mediapart sont avérés, les frais de campagne de l’UMP pour la présidentielle de 2012 auraient donc atteint 39 millions d’euros, alors que le plafond légal fixe la limite à 22,5 millions pour les dépenses de campagne lorsqu’il s’agit d’une élection présidentielle.

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