Bygmalion reconnaît des surfacturations et accuse l'UMP

AFFAIRE BYGMALION - C'est un coup de théâtre qui pourrait bouleverser le destin de l'UMP. Lors d'une conférence de presse convoquée ce lundi 26 mai 2014, l'avocat de la société Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, a reconnu l'existence de surfacturations, voire de fausses factures réalisées par l'entreprise "à la demande de l'UMP" pendant la campagne présidentielle.

"Il y avait des contraintes économiques. Bygmalion n'avait pas le choix", a déclaré l'avocat. Celui-ci a clairement accusé le parti de Jean-François Copé d'avoir exigé ces fausses factures afin de pouvoir "éviter probablement des dépassements de compte de campagne" du candidat Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2012.

Immédiatement après cette conférence de presse, des policiers ont entamé des perquisitions dans les locaux de l’UMPet dans ceux de Bygmalion, dans le 9e arrondissement de Paris, a constaté Europe1. Selon une source citée par l'AFP, des perquisitions auraient également lieu au siège de Génération France, l'association politique de Jean-François Copé.

Bygmalion était sous une "contrainte économique" par LeHuffPost

Décrivant le fonctionnement de cet accord officieux, Me Maisonneuve a expliqué que Bygmalion avait été contrainte de facturer à l'UMP, au travers d'un "habillage", des dépenses qui auraient dû être imputées au compte de campagne de Nicolas Sarkozy. 

"Ce qui a été facturé sous le libellé 'conventions', ce sont les meetings de campagne de Nicolas Sarkozy", a précisé l'avocat de Bygmalion.

Certaines de ces conventions ont bien eu lieu mais elles n'ont entraîné aucune prestation de la part de la société qui facturait pourtant à l'UMP des événements réalisés pour le compte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. C'est ce compte de campagne que le Conseil constitutionnel avait invalidé en 2013, entraînant une gigantesque collecte de fonds auprès des Français, avec le soutien actif de Nicolas Sarkozy.

Bygmalion : Me Maisonneuve, "il s'agit bien de... par LeHuffPost

Ces factures litigieuses porteraient sur un montant estimé à 10 millions d'euros. Soit presque la totalité de la somme déboursée par les sympathisants de l'UMP pour renflouer les caisses du parti.

Selon lui, c'est la décision de Jean-François Copé de porter plainte qui a motivé les responsables de Bygmalion de livrer leur propre version des faits. "On les a traités de voleurs, on a même parlé de rétrocommissions. Les responsables de Bygmalion ont pris la décision de dire ce qu'il en est. On parle de l'affaire Bygmalion. Moi je pense que c'est plutôt l'affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy", a déclaré Me Patrick Maisonneuve.

Bygmalion : "C'est l'affaire des comptes de... par LeHuffPost

Que savait Jean-François Copé? Et Nicolas Sarkozy?

Si l'avocat de Bygmalion accable l'UMP, il n'a en revanche donné aucun nom sur les "responsables politiques" qui auraient contraint la société à se prêter à ces facturations illégales. Les soupçons pourraient néanmoins rapidement se tourner vers Jérôme Lavrilleux. Déjà cité dans cette affaire, le directeur de cabinet de Jean-François Copé fut également le directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Homme de l'ombre, il était plus précisément en charge de la direction de l'organisation logistique de la campagne.

Après l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy l'avait décoré lui-même de l'ordre du mérite. Et il vient tout juste d'être élu député européen, avec le soutien très actif de Jean-François Copé, ce qui devrait lui permettre de bénéficier d'une immunité parlementaire.

Malgré ces présomptions, on ignore encore tout du sérieux de ces accusations ni de leurs commanditaires. Jean-François Copé était-il au courant? Et Nicolas Sarkozy lui-même? Les propriétaires de Bygmalion réservent leurs réponses à la justice et souhaitent être entendus au plus vite. Leur avocat assure néanmoins que la société n'a jamais financé Jean-François Copé "ni à titre personnel, ni politiquement".

Ce lundi, c'est le député UMP Pierre Lellouche qui a été entendu par la justice qui enquête sur ces soupçons de surfacturations. Ce dernier a annoncé qu'il portait plainte pour "usurpation d'identité" après l'apparition de son nom sur une des factures litigieuses.

Le bureau politique de l'UMP risque d'être explosif

Ces révélations devraient en tout cas avoir des conséquences retentissantes sur le bureau politique de l'UMP convoqué par Jean-François Copé ce mardi à l'Assemblée nationale. Le président de l'UMP, qui se défend pied à pied de soupçons de favoritisme au profit de Bygmalion, promet qu'il ne se "dérobera pas". Les autres n'en n'attendent pas moins, le doigt sur la gâchette.

Des sources concordantes ont indiqué lundi à l'AFP que Jean-François Copé devrait annoncer ce mardi qu'il "porte plainte contre X" dans cette affaire des "fausses factures", selon les termes employés par Valérie Pécresse, réglées à Event&Cie, filiale de Bygmalion.

Source : http://www.huffingtonpost.fr